Il faut qu'on parle. PV Opale

Oublier. Il devait seulement oublier. C’était si difficile. Cœur d’Opale était couché dans sa tanière en ruminant de sombres pensées. Il n’avait pas envie de se lever. D’affronter une journée de plus le regard pesant et méprisant de sa meneuse. Une journée à éviter les problèmes. A voir les malades se languirent de douleur et à chercher des proies inexistantes. Pourtant, il le devait. Il se leva avec difficulté en s’ébrouant, sortant de sa tanière. Il goûta avec une certaine délectation l’air doux de la saison des feuilles vertes. Au moins il faisait beau ! Le jeune guerrier commençait à se motiver. Au moins, en allant chasser, il penserait à autre chose. L’image d’un certain solitaire cesserait peut-être de lui venir à l’esprit.

Il se dirigea vers l’entrée du camp quand une voix froide l’interpella. Il grimaça, se retournant avec lenteur pour observer sa meneuse qui le toisait. Etoile éternelle. Ha, Adieu liberté. Il leva les yeux au ciel alors qu’elle lui intimait « poliment » de venir participer à la patrouille de midi. Depuis l’altercation entre Nuage de-… Ambre, Cœur de jais et lui, la cheffe le collait sans arrêt. Il se doutait qu’elle psychotait et se méfiait. Après tout, il était celui qui avait réagi le plus virulemment.
Qu’il aille voir son amie d’enfance en cachette. Le pire c’est que ce n’était même pas son intention. Elle ne l’avait pas puni, mais finalement l’avoir constamment sur le dos était la pire des pénitences. Elle l’envoyait sans arrêt en patrouille ou en tour de garde pour éviter qu’il ne file.

Il fulmina en silence, suivant la patrouille composée d’Eternelle, d’une guerrière et d’un petit apprenti. Il ferma la marche, s’éloignant volontairement de sa meneuse le plus possible. Il se ferma dans son silence habituel, se concentrant sur ses pattes pour éviter de trébucher. Bon. Résumé de la situation. Foudre, un solitaire, avait juré sa mort alors qu’il tentait de venger un ami. Il l’avait revu il y a peu, et lui avait avoué qu’il avait une fille, réfugiée dans le clan du tonnerre. Suite a de longues hésitations, il lui avait avoué ses origines. Quel mélodrame. Cœur d’Opale avait eu envie de s’enfuir. Et puis, le solitaire si agressif et sur de lui avait semblé… Doux et perdu.

Ils s’étaient quittés. Il avait juré de ne plus le revoir. Mais cette promesse semblait de plus en plus difficile à tenir. Il pensait souvent à lui, sans savoir pourquoi. Il lui avait fait du mal, à lui et à sa famille. Alors pourquoi continuait-il de penser à lui ? Il était vraiment demeuré. Enfin. Bientôt, il serait aveugle. Il ne verrait plus rien, ni personne. Et ne pourrait pas sortir du camp… Ses problèmes seront réglés. N’est-ce pas ? Et puis franchement, pourquoi irait-il roder à la rivière alors que monsieur était terrifié de l’ea-

-Psst, Opale! C'est Foudre. Il faut qu'on se parle. Retrouve-moi vers la cascade.

HAAAAAAAAAAAAAAaaaaaaaaaaaaaaaaaaa. Ho par le clan des étoiles ! Cet idiot l’avait presque tué de peur. Perdu dans ses pensées, il n’avait pas du tout senti ni entendu le solitaire. La voix doucereuse avait susurré à son oreille comme un serpent et l’avait fait sursauter. Il évita de regarder la provenance de la voix, fixant la patrouille qui avait continuée à avancer. Bon. Ils n’avaient rien entendus. L’apprenti devant lui se retourna, le regardant d’un air interrogatif, se moquant gentiment.

-Tout va bien Cœur d’Opale ? On dirait que tu as vu un guerrier du clan des étoiles.

Le félin tacheté cilla en secouant la tête, esquissant un sourire maladroit, jetant un discret coup d’œil à la broussaille. Foudre était déjà parti.

-Ho heu houlala ! Je… J’ai vu une énooorme perdrix ! Toute noire. Ça ferait une proie parfaite pour les malades ! Tu me couvres d’Etoile Eternelle ? Je vais aller hm… La chasser ! Je reviens dans pas longtemps et silence…

Il avait reculé tout en disant ses paroles, avec un petit sourire gêné. L’apprenti avait haussé les moustaches en grimaçant. Alors qu’il allait lui répondre, Opale s’était déjà éclipsé dans les buissons. Le cœur battant à ses tempes, il n’arrivait pas à réfléchir. Une très très mauvaise idée. C’était bizarre. Pas bon. Foudre était mauvais. Et puis de quoi voulait-il lui parler ? Non mais quel idiot de venir sur le territoire, il allait se faire attraper et… STOP. Le guerrier prit une grande inspiration. Il était là-bas. Sur les rochers baignant dans la lumière, posé et solide comme une montagne. Forme floue et sombre dans le soleil. Il frémit. Quel idiot il faisait. Il soignait sa mise en scène…

- Bah alors, je t'ai manqué ? M'enfin. Trêve de rigolade, il fallait qu'on parle, alors je suis venu. Pour ce qui s'est passé avec Luciole.

Cœur d’Opale secoua la tête en levant les yeux au ciel. Il s’avança à grands pas déterminés en direction du solitaire. Il s’arrêta en bas des rochers, plissant les paupières pour arriver à sauter sans dégringoler comme un caillou. Il se glissa plutôt élégamment jusqu’à Foudre en soupirant. Il était un peu perdu. Il ne savait même pas quoi lui dire. Enervé ? Poli ? Courtois ? Froid ? Et puis parler de Luciole. Ça ressemblait presque à une piètre excuse de sa part. Il agita les oreilles, l’observant de son regard troublé, les rayons baignant sa fourrure pale.

-Dit-il en venant me chercher sur mon territoire…

Ha. Il avait presque ronronné. Il était un peu amusé, c’est vrai.

-Tu m’as fait une peur bleue, tu es vraiment complètement taré… Si la meneuse t’avait repéré, elle… Quoique, vous vous entendriez bien, tous les deux.

Ironie. Elle l’aurait surement massacré. Et il l’aurait défendu. Et là, ce serait lui qui se serait fait écorcher vif. Sa voix calme contrastait avec ses paroles. Il avait déjà eu assez peur tout à l’heure, mais c’était une autre adrénaline qui coulait en lui.

-Petite Luciole ? Heu et bien… Elle est bien rentrée à son campement, je ne l’ai pas revue… Je ne vois pas ce que je peux te dire d’autre. Je suppose que la révélation ne m’a pas vraiment touchée…

Quoique. Il n’avait pas trop su quoi penser de cette nouvelle. Finalement, Foudre était un solitaire, il devait souvent… Hem, voilà. Et les chatons peuvent arriver si vite. Ressentait-il de l’amertume ? Pas vraiment, il n’avait rien à voir avec cette affaire. Bon, il ne pouvait pas s’empêcher d’avoir un petit pincement au cœur sans qu’il ne sache pourquoi. Il s’assit à son tour, se léchant l’épaule pour chasser sa gêne. Il s’agaçait lui-même d’être presque à l’aise avec le solitaire. Pourtant, c’est sans vraiment d’hésitation qu’il leva les yeux, les plongeant dans les siens. Le détestait-il ? Il n’en était plus si sûr.

Oublier. Il devait seulement oublier. C’était si difficile. Cœur d’Opale était couché dans sa tanière en ruminant de sombres pensées. Il n’avait pas envie de se lever. D’affronter une journée de plus le regard pesant et méprisant de sa meneuse. Une journée à éviter les problèmes. A voir les malades se languirent de douleur et à chercher des proies inexistantes. Pourtant, il le devait. Il se leva avec difficulté en s’ébrouant, sortant de sa tanière. Il gouta avec une certaine délectation l’air doux de la saison des feuilles vertes. Au moins il faisait beau ! Le jeune guerrier commençait à se motiver. Au moins, en allant chasser, il penserait à autre chose. L’image d’un certain solitaire cesserait peut-être de lui venir à l’esprit.

Il se dirigea vers l’entrée du camp quand une voix froide l’interpella. Il grimaça, se retournant avec lenteur pour observer sa meneuse qui le toisait. Etoile éternelle. Ha, Adieu liberté. Il leva les yeux au ciel alors qu’elle lui intimait « poliment » de venir participer à la patrouille de midi. Depuis l’altercation entre Nuage de-… Ambre, Cœur de jais et lui, la cheffe le collait sans arrêt. Il se doutait qu’elle psychotait et se méfiait. Après tout, il était celui qui avait réagi le plus virulemment. Qu’il aille voir son amie d’enfance en cachette. Le pire c’est que ce n’était même pas son intention. Elle ne l’avait pas puni, mais finalement l’avoir constamment sur le dos était la pire des pénitences. Elle l’envoyait sans arrêt en patrouille ou en tour de garde pour éviter qu’il ne file.

Il fulmina en silence, suivant la patrouille composée d’Eternelle, d’une guerrière et d’un petit apprenti. Il ferma la marche, s’éloignant volontairement de sa meneuse le plus possible. Il se ferma dans son silence habituel, se concentrant sur ses pattes pour éviter de trébucher. Bon. Résumé de la situation. Foudre, un solitaire, avait juré sa mort alors qu’il tentait de venger un ami. Il l’avait revu il y a peu, et lui avait avoué qu’il avait une fille, réfugiée dans le clan du tonnerre. Suite a de longues hésitations, il lui avait avoué ses origines. Quel mélodrame. Cœur d’Opale avait eu envie de s’enfuir. Et puis, le solitaire si agressif et sur de lui avait semblé… Doux et perdu.

Ils s’étaient quittés. Il avait juré de ne plus le revoir. Mais cette promesse semblait de plus en plus difficile à tenir. Il pensait souvent à lui, sans savoir pourquoi. Il lui avait fait du mal, à lui et à sa famille. Alors pourquoi continuait-il de penser à lui ? Il était vraiment demeuré. Enfin. Bientôt, il serait aveugle. Il ne verrait plus rien, ni personne. Et ne pourrait pas sortir du camp… Ses problèmes seront réglés. N’est-ce pas ? Et puis franchement, pourquoi irait-il roder à la rivière alors que monsieur était terrifié de l’ea-

-Psst, Opale! C'est Foudre. Il faut qu'on se parle. Retrouve-moi vers la cascade.

HAAAAAAAAAAAAAAaaaaaaaaaaaaaaaaaaa. Ho par le clan des étoiles ! Cet idiot l’avait presque tué de peur. Perdu dans ses pensées, il n’avait pas du tout senti ni entendu le solitaire. La voix doucereuse avait susurré à son oreille comme un serpent et l’avait fait sursauter. Il évita de regarder la provenance de la voix, fixant la patrouille qui avait continuée à avancer. Bon. Ils n’avaient rien entendus. L’apprenti devant lui se retourna, le regardant d’un air interrogatif, se moquant gentiment.

-Tout va bien Cœur d’Opale ? On dirait que tu as vu un guerrier du clan des étoiles.

Le félin tacheté cilla en secouant la tête, esquissant un sourire maladroit, jetant un discret coup d’œil à la broussaille. Foudre était déjà parti.

-Ho heu houlala ! Je… J’ai vu une énooorme perdrix ! Toute noire. Ça ferait une proie parfaite pour les malades ! Tu me couvres d’Etoile Eternelle ? Je vais aller hm… La chasser ! Je reviens dans pas longtemps et silence…

Il avait reculé tout en disant ses paroles, avec un petit sourire gêné. L’apprenti avait haussé les moustaches en grimaçant. Alors qu’il allait lui répondre, Opale s’était déjà éclipsé dans les buissons. Le cœur battant à ses tempes, il n’arrivait pas à réfléchir. Une très très mauvaise idée. C’était bizarre. Pas bon. Foudre était mauvais. Et puis de quoi voulait-il lui parler ? Non mais quel idiot de venir sur le territoire, il allait se faire attraper et… STOP. Le guerrier prit une grande inspiration. Il était là-bas. Sur les rochers baignant dans la lumière, posé et solide comme une montagne. Forme floue et sombre dans le soleil. Il frémit. Quel idiot il faisait. Il soignait sa mise en scène…

- Bah alors, je t'ai manqué ? M'enfin. Trêve de rigolade, il fallait qu'on parle, alors je suis venu. Pour ce qui s'est passé avec Luciole.

Cœur d’Opale secoua la tête en levant les yeux au ciel. Il s’avança à grands pas déterminés en direction du solitaire. Il s’arrêta en bas des rochers, plissant les paupières pour arriver à sauter sans dégringoler comme un caillou. Il se glissa plutôt élégamment jusqu’à Foudre en soupirant. Il était un peu perdu. Il ne savait même pas quoi lui dire. Enervé ? Poli ? Courtois ? Froid ? Et puis parler de Luciole. Ça ressemblait presque à une piètre excuse de sa part. Il agita les oreilles, l’observant de son regard troublé, les rayons baignant sa fourrure pale.

-Dit-il en venant me chercher sur mon territoire…

Ha. Il avait presque ronronné. Il était un peu amusé, c’est vrai.

-Tu m’as fait une peur bleue, tu es vraiment complètement taré… Si la meneuse t’avait repéré, elle… Quoique, vous vous entendriez bien, tous les deux.

Ironie. Elle l’aurait surement massacré. Et il l’aurait défendu. Et là, ce serait lui qui se serait fait écorché vif. Sa voix calme contrastait avec ses paroles. Il avait déjà eu assez peur tout à l’heure, mais c’était une autre adrénaline qui coulait en lui.

-Petite Luciole ? Heu et bien… Elle est bien rentrée à son campement, je ne l’ai pas revue… Je ne vois pas ce que je peux te dire d’autre. Je suppose que la révélation ne m’a pas vraiment touchée…

Quoique. Il n’avait pas trop su quoi penser de cette nouvelle. Finalement, Foudre était un solitaire, il devait souvent… Hem, voilà. Et les chatons peuvent arriver si vite. Ressentait-il de l’amertume ? Pas vraiment, il n’avait rien à voir avec cette affaire. Bon, il ne pouvait pas s’empêcher d’avoir un petit pincement au cœur sans qu’il ne sache pourquoi. Il s’assit à son tour, se léchant l’épaule pour chasser sa gêne. Il s’agaçait lui-même d’être presque à l’aise avec le solitaire. Pourtant, c’est sans vraiment d’hésitation qu’il leva les yeux, les plongeant dans les siens. Le détestait-il ? Il n’en était plus si sûr. .

Cœur d’Opale était resté silencieux, dévisageant le solitaire qui était raide comme un bâton. Le jeune guerrier inclina un peu la tête, remuant les moustaches. Et bien… Quel accueil. Foudre gardait le silence avec l’expression la plus neutre et banale possible. Bon, bien évidemment, il restait bien droit, campé fièrement dans ses positions de félin dominant. Mais Opale ne se laissa pas démonter pour autant, gardant la tête haute, l’air interrogatif. Il avait levé les yeux au ciel à sa petite comparaison ironique avec la meneuse de la rivière. Cette petite blague ne semblait pas lui avoir plu. Hmpf. C’est vrai. Il l’aurait presque oublié, avec le dernier épisode, mais Foudre déteste les chats de clan. Lui y comprit. Il ne se ferait pas tromper une autre fois.

Tout ce qui avait miroité à ses yeux n’avait été que mensonge et désarrois. Alors, il allait arrêter d’être une faible victime, témoin des actions des autres…
Enfin il espérait. Il avait toujours eu l’impression de n’être qu’un spectateur impuissant. Les autres contrôlaient sa vie. Sa famille, son clan, les…Autres. Mais il avait l’impression de changer. Il n’avait jamais été aussi mal ces dernières lunes, il était si déprimé qu’il aurait aimé couler dans la rivière comme une pierre, et que l’on ne parle plus jamais de lui. Ce drame, cette déchirure avec Foudre l’avait tant affecté qu’il… Il avait compris des choses. Il s’était même soulevé contre sa meneuse. Lui, d’habitude si neutre et pacifique.

Il avait étonné tout le monde, et déçu quelques-uns. Alors, il allait arrêter de se laisser troubler par Foudre. Pourtant… La manière dont il l’observait était très… intense.
Oui, c’est le mot. Ses expressions étaient froides, lointaines, mais dans ses yeux, il lisait une très nette angoisse. Peur de quoi ? Il commençait à lui faire peur, et son silence encore plus. Il se serait décidé à le tuer ? Cette… Promesse lui revenait souvent en tête, il ne l’avait pas oublié. Il se dandina un peu, ne lâchant pas l’autre du regard. Bon. Qu’attendait-il ? Il était venu parler de luciole ? Le mince sourire qui avait étiré les lèvres du solitaire le mettait mal à l’aise… Il se sentait un peu bête. Mais de quoi d’autre aurait-il voulu parler ? Ils n’avaient rien à se dire…  Les chutes grondaient derrière lui, son cœur battait la chamade à ses tempes. Il parla, enfin, son ton était si froid qu’il le fit sursauter.

- Je ne viens pas pour parler de Luciole. Si elle est aussi forte que son père, ce n'est pas un petit bain qui va la tuer.

Ho. Il haussa doucement les épaules. Il n’en avait pas été si certain, elle était petite pour son âge, et l’eau était sacrément froide. Il eu un frisson en y repensant. Et puis, ce n’était pas son père qui allait se mouiller les pattes pour l’aider. Il continuait d’observer le matou noir du coin de l’œil. Il semblait hésiter à lui parler. Quoi ? Qu’avait-il ? Finalement, c’est lui qui était bien plus troublé que le riviéreux. Il avait un pressentiment étrange, vis-à-vis de cette discussion. Le convoquer en plein milieu d’une journée, prendre le risque de s’approcher d’une patrouille pour le retrouver.

Avait-il si envie de le voir ? Ou alors était-ce pour lui dire de ne plus l’approcher ? ça ne l’étonnerait pas. Mais dans ses yeux il y avait…De la douceur ? Attend quoi ? Cœur d’opale grimaça un peu. Il ne comprenait pas. Le guerrier gris n’avait aucun scrupule à s’échapper de sa patrouille, pour retrouver un solitaire qui lui avait fait plus de mal que de bien. Il était en tort, c’est vrai. Mais quelques instants de plus passé entre les griffes de sa meneuse et il exploserait. Il était à la limite de trouver cette conversation avec le solitaire bien plus agréable… Et pourtant. Il ne savait pas ce qui lui attendait. Le solitaire prit une grande inspiration

- Depuis qu'on s'est recroisé, je n’arrête pas de penser à toi. Enfin, Avant aussi mais depuis notre dispute je pensais que ça passerait.

Cœur d’Opale qui avait détourné les yeux vers les chutes se retourna vers Foudre, les oreilles droites comme des aiguilles de pin. Ses pupilles s’élargissaient alors qu’il lui lançait un regard d’incompréhension. Quoi ? Ils ne parlaient pas de Luciole là. Il parlait de… Lui ? Le guerrier sentit son cœur s’accélérer sensiblement. Il avait du mal à suivre le félin. Il avait pensé à lui ? Mais…Mais bien sûr qu’opale aussi avait pensé à lui. Très souvent. En mal ou en bien, par ailleurs. Il le voyait partout, et c’était très embêtant. Même son amie Ambre lui ressemblait. Mais, était-ce si anormal ? Enfin… Ils s’étaient disputés violemment et… Opale ne s’était jamais autant déchiré avec quelqu’un alors c’était normal qu’il ne puisse pas se l’enlever de la tête… N’est-ce pas ? Foudre se rapprochait de lui, silencieusement, frôlant son pelage dans un souffle. Il sentait sa respiration caresser sa nuque et il frissonnait de ce contact si soudain et inattendu. Il n’avait pas bougé, suivant seulement le solitaire des yeux.

- Je crois que je suis intéressé par toi. Je ne sais pas si cette phrase veut dire quelque chose mais c'est à peu près ça. C'est pour ça que je t'ai fait venir. Je voulais juste te le dire, je n'ai pas pour habitude de cacher ce genre de chose surtout qu'il est peu commun que je puisse réellement apprécier quelqu'un.

Cœur d’Opale était sans voix. Est-ce que c’était ce qu’on appelle…Une déclaration ? Foudre, le grand, terrifiant, fanatique solitaire, lui faisait une déclaration d’amour ? C’était un véritable cauchemar. Le guerrier cilla, ouvrant et fermant la bouche en se tournant vers lui, le regardant dans les yeux. Ils étaient très proches. Eh bien… S’il s’était juré de ne pas être troublé, c’était complètement raté. Il ne savait pas comment réagir à de telles paroles. Sa fourrure s’était légèrement hérissée, il le dévisageait, la gueule sèche. Pour résumé. Foudre, un solitaire mystérieux rencontré dans les terres libres l’avait grandement intéressé.

Ce même félin avait osé toucher à son ami d’enfance tout en lui mentant. Ils s’étaient disputés, puis ne s’étaient pas revu jusqu’à la dernière fois, ou Opale avait sauvé la propre fille de Foudre. Et maintenant… Maintenant le solitaire l’aimait ? Bon, oui en effet, Cœur d’Opale avait eu du mal à se sortir le brun de la tête. Il avait été profondément blessé quand il avait appris ce qu’il avait fait à Cœur de Jais. Il avait même été jaloux lorsqu’il avait vu que Foudre avait déjà une famille. Mais ça avait été tout sauf de l’amour… N’est-ce pas ? C’était-il réellement posé la question ?  Son regard glissa doucement jusqu’à l’épaule de Foudre, couverte d’une large cicatrice, faite par ses soins puis coula lentement jusqu’aux pupilles dorées du jeune male.

-Tu… Non. Enfin oui. Mais… Tu as touché à ma famille… Je ne peux pas… Et puis tu me détestes n’est-ce pas ? Tu ne m’aimes pas.

Il avait un peu bafouillé, puis planté ses yeux dans les siens. Sa dernière phrase sonnait comme une affirmation. Mais il ne pouvait pas décider à la place de Foudre. Ou alors il essayait de le convaincre… Ou de se convaincre lui-même. Tu ne peux que me détester, pour avoir fait ce que tu as fais. Il aurait pu se mettre en colère. Il aurait pu miauler, le repousser, s’en aller. Mais… Il n’y arrivait pas. Il restait là, pantelant. Non mais c’est vrai quoi, savait-il au moins dans quelle position il le mettait ? Il ne pouvait pas l’aimer. Il ne pouvait pas le pardonner. Mais par le clan des étoiles, pourquoi son cœur battait-il si fort ? Il prit le temps de réfléchir quelques instants, restant silencieux.

Le riviéreux avait-il déjà réellement pensé à lui-même ? A ses sentiments ? Ce qu’il ressentait, maintenant, en était-il effrayé ? Pour lui, la question des clans ne se posait pas, la question du genre non plus. Il n’avait jamais été conformiste. Mais Foudre lui avait fait du mal, volontairement et en pleine conscience. Il savait qu’il s’en voulait pour ça. Était-il si mauvais ? Il avait pensé pouvoir l’aider… était-ce encore possible ? Il le dévisagea de ses grands yeux troublés et bleutés avant de se rapprocher de lui et de plonger son museau dans sa fourrure. Il resta immobile, respirant son odeur, écoutant son cœur agité, sa respiration saccadée. Il ferma les yeux. Il allait devenir aveugle. Le monde lui serait dérobé, il n’était pas sûr de survivre à ça. Alors ne pouvait-on pas lui laisser profiter quelques instants ?

-Haa tu es vraiment égoïste… Mais on fait la paire sur ce point-là.

Dit-il d’un rire un peu désespéré.

-Foudre. J’ai aussi énormément pensé à toi. Mais ce depuis le début… Je t’ai toujours trouvé intéressant et puis passer du temps avec toi, ça a été les jours les plus heureux de ma vie.  Puis j’ai été… Tu m’as fait du mal, tu comprends ça ? Et pas qu’a moi. Je ne sais pas si je pourrais te pardonner un jour. Tu me fais peur, mais je pense beaucoup trop à toi pour te haïr autant que je le devrais. L’honneur, la honte, la morale, je crois qu’au fond, je m’en fiche et peut-être que je suis tout autant intéressé. Je ne sais pas encore. Je suis peut-être stupide, tu dois me prendre pour un idiot, mais tu es si sérieux… Juste… Laisse moi profiter quelques instants.

Son ton s’était amoindri, il resta silencieux, collé à lui. Derrière eux, les chutes grondaient. ça aurait été tellement plus simple, si il le détestait.

Cœur d’Opale gardait son museau contre la fourrure du solitaire, les yeux clos, le souffle un peu rapide. Il écoutait l’autre ronronner avec apaisement. Il inspirait doucement, reniflant les odeurs à la fois familières et lointaines. Les pins boisés, le sol terreux, l’eau de rivière, les champs de blés, de la paille, les marécages, des odeurs de félins inconnus et… Le sang. Combien de félin avait-il fait souffrir ? Son cœur était entaché à un point où il faisait le mal sans le savoir. Ou alors si, il le savait très bien, et c’était là tout le problème. Et il l’aimait ? Bien sûr, le sentiment de manque, depuis leur déchirure ne s’était jamais estompé. Il avait vu son minois partout, sur les visages connus ou pas, il avait senti son odeur évasive sur les chutes, vu sa silhouette entre les arbres. Il ne savait pas si c’étaient ses crimes qui le hantaient, ou autre chose. Il avait eu mal, il avait suffoqué de douleur, tout ce qui l’entourait semblait destiné à lui faire du mal.

Et lui ? Que cherchait-il en lui disant cela ? Le regard trouble et bleuté d’Opale glissa lentement sur l’épaule du solitaire, remontant jusqu’à sa nuque, observant ses yeux dorés. Attendait-il quelque chose en retour ? Il aurait pu simplement le prendre, le cueillir comme il l’avait surement fait avec d’autre. Le trompait-il ? Il jouait peut-être. Un prédateur et une proie. Il était si fragile, ça ne l’aurait pas étonné. Il se sentait fébrile. Il ne semblait pas lui mentir, ça n’aurait rimé à rien. Il le rendait fou, il avait envie de lui crier dessus, de pleurer et en même temps rire, se blottir contre lui. Avait-il déjà ressenti cela ? Pas vraiment, il avait toujours tout pris avec placidité et réflexion, mais son esprit semblait paralysé dans une espèce de chao qui le brouillait.

Foudre restait tellement immobile, silencieux, grand, rigide comme un rocher. Il avait l’air aussi perdu que lui, même s’il s’éperdait à le dissimuler. C’était plutôt attendrissant. Et bizarre. Il semblait essayer de donner une image de lui forte et sure de lui, mais ses yeux mentaient autant que les battements de son cœur. Il avait l’impression qu’il le connaissait et qu’à la fois il lui échappait. Il avait affirmé qu’il ne l’aimait pas, mais c’était surtout pour se convaincre lui-même. C’était immoral d’aimer le violeur de son meilleur ami. Et pourtant… Tout semblait si simple et si compliqué à la fois. Foudre ne semblait pas s’attendre à la soudaine marque d’affection qu’il lui donnait, et il grogna d’une voix sourde

- Prends le temps qu'il faut pour pardonner ou non, je dois dire que cela m'est un peu égal, que je sache, ton petit Cœur de Jais est en vie. Il est juste un peu plus endurci.

Que… Il était sérieux ? Il remettait ça sur le tapis ? Il était décidé à le contrarier ou quoi… Cœur d’Opale fronça les moustaches, abaissant les oreilles en reculant un peu, le dévisageant avec une moue renfrognée. Il l’observa, essayant de guetter ce qu’il voulait dire par cela. Hmpf, au moins il n’était pas devenu un petit canard au cœur tendre, il restait Foudre après tout. Même si cette pique lui faisait mal au cœur, elle confirma que le félin était sincère. La morale, il s’en fichait, Opale le savait bien. Et ce débat était éternel, tout comme leur bataille sur les plaines hivernales.

Il ouvrit la gueule, s’apprêtant à protester comme tout bon samaritain mais il poussa un petit hoquet surpris. Il sentit ses pattes se dérober au sol, en un éclair Foudre l’avait renversé et plaqué à terre. Sa soudaine approche l’avait déstabilisé rendant la chute facile. Le cœur battant, Cœur d’Opale cilla, observant le félin qui le regardait d’un air triomphant. Le riviéreux grogna en roulant des yeux pour montrer son agacement. Hooo oui foudre tu es si fooort, si beaaaau, je ne peux lutteeeeeer… Quoi ? il s’attendait à ce qu’il dise ça ?

- Arrête de toujours avoir des comptes à rendre à tout le monde. Tu serais bien plus heureux si c'était le cas.

Un peu surpris par le ton soudain sérieux du matou, Cœur d’Opale releva les yeux, plongeant ses prunelles dans celle de Foudre. Des comptes à rendre… C’est vrai, il en avait, beaucoup… Surtout à Cœur de Jais. Et encore plus en ce moment même. Mais il avait le droit d’être heureux, n’est-ce pas… Un bonheur bien paradoxal, mais bizarrement, se sentir aimé n’était pas désagréable. Cette histoire allait surement mal tourner, comme sa vie entière, alors il voulait profiter un peu avant de… de… Il ferma les yeux, grimaçant un peu avant de sentir une légère pression sur son museau. Oh.

- Bah alors, petit Opale, on se laisse charmer par un charlatan de haut niveau ? …Je suis content de te revoir, même si je n'attendais pas de réponse positive de ta part… J'ai eu peur que la maladie ne te touche, toi…

Le guerrier cilla, un peu surpris d’un tel contact. Pourtant, il ne détourna pas les yeux, un mince sourire perçant sur ses babines. Un charlatan hein… Ho il avait été plus que cela. Son ami, pendant des lunes. Il frotta doucement sa truffe contre la sienne, les poils légèrement hérissés. Une réponse positive… Il avait dit qu’il lui portait de l’intérêt, il ne l’avait donc pas rejeté. Le voulait-il seulement ? Pas vraiment. Cœur d’Opale émit un rire léger en donnant un petit coup de patte sur l’oreille du matou brun

-Et toi par un guerrier clanique à moitié aveugle ? Attend, il n’y a pas de quoi se vanter.

Dit-il d’un ton légèrement dérisoire, une lueur amusée dans les yeux. Yeux qui avaient pris une légère couleur opalescente depuis la dernière fois. La maladie… Il ne l’avait pas attrapé, malgré tous les malades, même si pendant une période il aurait presque préféré l’avoir, pour en finir. Mais ça n’avait pas été le cas. Un coup du destin, parce qu’il avait presque tout fait pour l’attraper. Enfin il ne dévoilerait pas cette faiblesse d’un instant au matou. Il lui donna un coup de langue sur la joue, profitant de la petite diversion pour lui donner un coup de patte puissant sur le bas ventre, poussant ses deux pattes avant.
Il le renversa, roulant dans les bleuets et l’herbe grasse, le plaquant à son tour ensemble, le dominant de ses hautes pattes sveltes. Il agita la queue d’un air amusé. Il n’avait jamais été présomptueux, mais il restait un guerrier. Foudre avait beau être très fort, Opale restait un mentor aguerri et entrainé. Même si tout cela relevait plus du jeu qu’autre chose…

-Elle aurait peut-être du… Tu m’aurais oublié plus facilement, tu ne crois pas ? Dit-il d’un ton un peu triste, mais gardant un vague sourire aux babines. Et moi je ne m’attendais juste pas à ce que tu me dises ça… Quoique, je l’ai peut-être suspecté. Depuis ce soir-là, à la chute… Enfin, je suis content de te revoir aussi.

C’est vrai. Peut-être que ce soir-là, avant que le terrible scandale ne soit dévoilé, ils se seraient tombés dans les pattes l’un de l’autre. Mais ça n’avait pas été le cas. Pourquoi par le clan des étoiles avait-il fait ça… C’était trop tard pour regretter ou rester sur ça, mais la rancœur serait toujours là, malheureusement. Il n’y avait pas de bon ou de mauvais de toute manière. Cœur d’Opale secoua doucement la tête, se penchant un peu vers Foudre, étalé dans l’herbe. Bon, et maintenant ? Après ça, il s’imaginait difficilement lui dire au revoir et puis simplement partir. Ils se reverraient et surement pas qu’un peu… Il aurait dû dire non, s’en aller, et tout aurait réglé. Non, il n’aurait pas été heureux. Arrêter de penser aux autres…

-Bon… On fait quoi maintenant ? Ma patrouille doit me chercher et puis on ne va pas rester ici à jouer les cœurs de miel… Ce n’est pas ton truc hein… Haha je me sens bizarre. Tu es peut-être en train de me mentir… Ou de préparer un sale coup, mais pour une fois, je vais décider de te croire, cher Foudre. Juste pour cette fois.

La tête de Foudre ébahi lui avait donné envie de rire. Et voilà longtemps qu’il n’avait pas émit un rire réellement sincère. Avec ses proches, avec ses amis, avec les autres il mentait. Après tout, sa vie était un tel fouillis, il n’y avait pas de quoi rire. Alors il avait arrêté. Et même à lui-même, il se mentait, encore maintenant. Pendant ces dernières lunes, il avait sans arrêt rabâché la trahison de Foudre, il l’avait vu partout, dans les ombres, les reflets, au détour d’un chemin, même en sa meilleure amie. Et il devait se l’avouer maintenant, il était obsédé par lui, il n’arrivait juste pas à l’oublier. Il avait bien réussi à oublier sa mère adoptive, ou la présence de son père dans le clan mais pas lui ! Il le hantait.

Et maintenant, il savait après cet aveu aussi soudain qu’inattendu, qu’il ne pourrait jamais. Il aurait beau essayer, il sera toujours là, lui et sa présence. Il était devenu une part essentielle dans sa vie, un choix qu’il avait pris et qui l’emmenait toujours plus loin. Dans des forêts sombres, des terrains mal assurés, des endroits mauvais au premier abord mais chaleureux si on observait mieux. Bientôt, il serait aveugle. Il ne pourrait plus sortir du clan sans être accompagné, si éternelle le laissait sortir. Il ne serait qu’une vieille loque inutile aux yeux de tout le monde.

Jeune, mais inutilisable. Et Foudre le rejetterait surement aussi, après tout, qui voudrait d’un aveugle à ses côtés ? Il allait perdre la vue, et sa vie avec. Alors… Il ne lui dirait pas tout de suite, que son destin était scellé et qu’il aurait préféré être malade et que ça le tue. Il savait qu’il ne pourrait pas lui cacher pour toujours, qu’il n’avait pas simplement une vue de taupe. Son sourire devint un peu plus triste et il s’écarta un petit peu alors que l’autre lui donnait un tendre coup de patte. Haha, ça se voyait à sa mine un peu contrite qu’il se sentait mal à l’aise. Comme c’était amusant. Le grand et invincible foudre, maitre démoniaque et futur tyran imprévisible, gêné par une marque d’affection sincère.
Enfin, Cœur d’Opale n’était absolument pas habitué à montrer son affection non plus. Il se sentait un peu gêné aussi. Après tout, ils ne pouvaient pas changer en quelques instants. Il faudrait un peu de temps, pour redevenir bons amis et amants. Ils avaient voulu s’entretuer, ce n’était pas rien ! Vouloir la mort était une preuve ultime de haine. Alors Opale n’était pas naïf, il ne tomberait pas si facilement. Au fond, il savait qu’il se méfierait toujours un peu. Peut-être avait-il raison… Mais pour l’instant il voulait profiter, tant que son histoire n’était pas encore totalement invivable.

- Te mentir ? et dans quel but ? Je n'ai pas d'intérêt à le faire, puis je n'oserais pas face au sauveur de ma fille.

Cœur d’opale redressa les oreilles avant de secouer doucement la tête. Il ne l’avait pas sauvé parce qu’elle était sa fille, mais parce qu’il s’agissait d’une jeune féline en détresse. Il ne laisserait mourir personne tant qu’il était capable d’aider. Et il l’avait déjà fait, alors pourquoi pas une autre fois ? Il allait surement lui faire du mal. Et lui paraissait tellement loin de tout ça, tellement invulnérable. Il l’admirait peut-être un petit peu dans le fond. Mais Cœur d’Opale continuait de se détacher des autres, chaque jour un peu plus. Même de Cœur de Jais qu’il voyait de moins en moins. Au fond, c’était pour le mieux, certainement. Les félins auraient moins de regrets à le laisser seul. Il n’était pas un martyre, mais il voulait arrêter de se faire du mal à cause des autres. Peut-être penser à lui, pour une fois… Le guerrier posa ses yeux bleus sur le félin brun qui se redressa doucement. Il s’écarta simplement pour le laisser se relever. Il avait retrouvé un peu de son sérieux et de son expression lunaire.

- Je pense que ta patrouille risque de te chercher et je ne comptais pas t'apporter des ennuis. Enfin, on peut toujours se retrouver prochainement mais j'ai remarqué que tu n'étais pas très présent, ces temps.

Oh. Il était surement l’heure de se quitter. Cœur d’Opale pouffa un peu devant l’allure de Foudre qui ressemblait à un porc-épic avec des branches plantées dans sa fourrure. Mais l’autre avait raison, sa patrouille devait se demander ou il était après tout… Il était parti depuis un bon moment et le petit apprenti qui était à ses côtés ne le couvrirait pas éternellement. La meneuse aurait bien fait de lui faire peur et si elle le voyait avec Foudre… Ce serait douloureux. Il haussa doucement les épaules avant de se glisser à ses côtés, enlevant du bout des crocs les brindilles et les feuilles coincées dans la pelisse du matou. Il soupira en levant les yeux au ciel

-Je ne faisais que mon devoir. Oh et oui, tu as raison, je vais y aller… Ah et c’est vrai que je ne suis plus très présent.
Il avait eu une petite pause réflexive avant de grommeler
Disons que, pour faire simple, j’ai tenu tête à ma meneuse et elle me l’a bien rendu.
Il grimaça en désignant la balafre qui lui barrait la joue, encore fraiche.
Depuis elle ne me lâche plus, de peur que je me rebelle encore. Elle me garde prisonnier en quelques sortes. Mais je peux toujours trouver le moyen de m’échapper.

Il gardait son doux regard, son expression habituelle et délicate, mais dans ses prunelles brillait une pointe de malice et d’amusement. Cette lune avait été morne et déprimante, il était heureux de le revoir. Il inclina légèrement la tête, lui léchant tendrement la joue avant de presser sa truffe contre la sienne. Le guerrier lui donna un petit coup d’épaule avant de s’éloigner d’un pas tranquille. Il se retourna à l’orée de la forêt, soufflant avant de s’éclipser

-Content de t’avoir parlé, Foudre. Tu as été sincère avec moi. A bientôt j’espère ! Et essaye de pas envahir les clans pendant mon absence !