« Par une nuit d’orage » — Chagrin Lunaire

C’était une journée parfaite! Un soleil ondoyant, un ciel bleu azur parsemé de petits nuages blancs cotonneux, et une lande verdoyante. Sur l’une de ses collines, trois chats scrutaient la grande étendue verte à la recherche de proies. Le premier, un mâle tigré gris au museau blanc, faisait face aux terres du Clan du Tonnerre. Le second, une femelle écaille-de-tortue, faisait face aux terres du Clan de la Rivière. Le troisième, un mâle blanc tigré roux, faisait face aux terres du Clan du Vent... Le guerrier tigré gris se leva alors et miaula aux autres:

« Il est temps de rentrer. »

Il leva ensuite ses yeux bleus et découvrit de sombres nuages noirs qui couvraient graduellement le ciel. La femelle écaille-de-tortue et le mâle blanc tigré roux, levèrent eux-aussi les yeux, surpris du changement soudain de température.

« On dirait qu’il va pleuvoir. » miaula Griffe Rousse.

Une tête tricolore émergea d’un buisson sur le flanc de la colline faisant face aux terres du Clan de l’Ombre. Ruisseau de Rose était chargé de surveiller cette partie de la lande, mais elle avait eu une envie pressante qui l’avait forcé à quitter temporairement son poste.

« Juste un instant. » demanda la lieutenante tricolore.

Un vent violent vint secouer le buisson, faisant frémir ses feuilles dans un immense fracas. Ruisseau de Rose pensa même que les autres n’avaient pas entendu sa requête. Alors qu’elle ouvrait de nouveau la bouche pour s’exprimer, un éclair fendit le ciel.

« Dépêchons-nous de rentrer! » les pressa Museau Nuageux.

« On part devant! » renchérit Griffe Rousse.

« Ruisseau de Rose, dépêche-toi! » poursuivit Envol de Corbeau à l’intention de sa sœur adoptive, avant d’emboîter le pas à ses deux frères.

C’était une journée parfaite! Un soleil ondoyant, un ciel bleu azur parsemé de petits nuages blancs cotonneux, et une forêt luxuriante. Dans l’une de ses clairières, un chat scrutait l’étendu de verdures à la recherche de proies. Le mâle argenté et blanc tigré de brun-noir était accroupi dans un buisson, tout ses sens en alertes aux différents parfums et bruits de la forêt. Un vent violent vint secouer la cîme des arbres, faisant frémir les branches et les feuilles dans un immense fracas. Chagrin Lunaire leva ses yeux couleurs saumons et découvrit de sombres nuages noirs qui couvraient graduellement le ciel. Surpris du changement soudain de température, il frémit des oreilles à la queue.

« On dirait qu’il va pleuvoir. », miaula Chagrin Lunaire. « Je devrais me dépêcher de rentrer avant... »

Alors que la simple pensée lui traversait l’esprit, un éclair fendit le ciel. Complètement apeuré, Chagrin Lunaire se plaqua au sol, le pelage hirsute tel les épines d’un hérisson et les yeux ronds comme ceux d’un hibou. Il resta caché sous son buisson et leva de nouveau le museau vers le ciel sombre. Un nouvel éclair l’illumina. Paniqué, Chagrin Lunaire déguerpit à toute vitesse. Il courut à travers la forêt sans regarder vers où il allait. La pluie commença à tomber, le faisant déraper sur l’herbe humide. Il trébuchait à chaque éclair et coup de tonnerre, le vent lui fouettait le visage et la pluie lui griffait les joues. Bientôt, il aperçut un trou béant dans une parois luisante. Il bondit par-dessus un petit ruisseau et s’y réfugia sans délais. Il trouva rapidement un abri dans la cavité sombre et se recroquevilla sur lui-même comme un chaton apeuré.

Ruisseau de Rose attendit un instant dans son buisson. Alors qu’elle leva le museau vers le ciel gris sombre, une grosse goutte de pluie s’écrasa sur sa truffe. Ruisseau de Rose éternua au contact glacé de la gouttelette. Elle secoua la tête. La lieutenante conclut alors que le temps n’allait sûrement pas changer de si tôt. Ruisseau de Rose sortit donc de sa cachette, sa fourrure tricolore s’accrochant aux branches. Elle dévala ensuite la colline, dérapant sur l’herbe humide. Au loin, la lieutenante aperçut les Quatre Chênes et comprît trop tard qu’elle ne se dirigeait pas dans la bonne direction. Ruisseau de Rose pensa à faire demi-tour, mais la pluie lui démangeait déjà sur le dos. Elle décida alors de poursuivre sa route et de s’habriter dans la clairière aux assemblées.
Cependant, en arrivant dans la clairière, Ruisseau de Rose ne parvint pas à trouver un abri convenable. Le sol commençait à être inondé et la boue lui collait sur les pattes. Ruisseau de Rose leva une patte antérieure, la secouant frénétiquement dans l’espoir de se débarrasser de la mixture sombre. Elle fût surprise lorsqu’un amas de boue vint s’écraser sur son museau. Crotte de lapin!, pesta la lieutenante. Ruisseau de Rose tenta d’essuyer la tache sur son visage avec le revers de sa patte, mais elle ne fît qu’empirer le cas. La lieutenante grommela sous ses moustaches où dégoulinait de fines perles d’eau, puis elle poursuivit sa quête d’un abri.
Ruisseau de Rose quitta les Quatre Chênes. Elle se dirigea ensuite vers le Chemin du Tonnerre. Son pelage tricolore lui collait à la peau. C’est en entendant un monstre vrombissant sur le Chemin du Tonnerre que la lieutenante eut un éclair de génie. Au même moment, la foudre fendit le ciel. Les tunnels!, s’exclama intérieurement Ruisseau de Rose en apercevant la gueule béante de l’un d’eux sous le Chemin du Tonnerre. Elle s’y glissa sans plus attendre.

Chagrin Lunaire tremblait de la tête jusqu'aux pattes. Il ne savait plus s'il frissonnait de peur ou de froid, mais ce que le guerrier était sûr c'est qu'il détestait les orages plus que la pluie. Chagrin Lunaire dût fermer les paupières, respirant lentement et profondément afin de se calmer et reprendre son sang-froid. Il tentait de faire abstraction de son environnement immédiat, mais le vrombissement des monstres au-dessus de sa tête ne lui permettait pas de rester concentrer. Le guerrier entendait le clapotis de l'eau qui tombait sur l'herbe humide, le grondement du tonnerre et le craquement des éclairs, mais pas le chat qui pénétra dans le tunnel.
Chagrin Lunaire sentit une odeur de terre humide qui lui fit froncer le museau et ouvrir les yeux. Il observa que cette effluve n'était pas dans le tunnel avant, lorsqu'il s'y était réfugié. Le guerrier jeta alors un coup d’œil dans les ombres où il crut y voir quelque chose remuer. Chagrin Lunaire renifla, tentant de déceler le parfum de l'animal se trouvant avec lui, mais il ne parvint pas à sentir autre chose que l'humidité de la mousse qui poussait sûrement sur les parois du tunnel.

« Qui est là? », demanda Chagrin Lunaire.

Ruisseau de Rose s’assit près de la parois du tunnel. Son pelage tricolore était trempé et collé à ses flancs. Elle décida donc de brosser sa fourrure à grands coups de langue afin de la sécher. La lieutenante grelottait de froid. Elle n’était pas habitué à être trempé, et encore moins aussi loin de chez elle. Ruisseau de Rose aurait préféré rentrer au camp maintenant, mais la pluie torrentielle l’en dissuada. Elle était prise au piège dans un étroit tunnel sombre, froid et qui empestait le monstre de bipèdes. La lieutenante plissa le museau et l’enfouie sans plus tarder dans sa fourrure humide, qui sentait bon l’eau de rose.
Soudain, Ruisseau de Rose entendît un craquement qui lui fît aussitôt relever la tête. Quelque chose avait remué dans le tunnel; elle n’était pas seule. La lieutenante observa les alentours, s’attendant à y voir un rat ou un chat provenant du territoire de l’Ombre, mais il faisait beaucoup trop noir pour qu’elle puisse y voir quoi que ce soit.

« Qui est là? », demanda une voix masculine près de son oreille.

« Hum... quel orage, n’est-ce pas?! Cela ne te dérange pas si je m’abrite ici le temps que la pluie cesse? », répondit Ruisseau de Rose.

« Hum... quel orage, n’est-ce pas?! Cela ne te dérange pas si je m’abrite ici le temps que la pluie cesse? » répondit une voix féminine.

Chagrin Lunaire agita une oreille, remuant ses longues moustaches. Une femelle? Il ne s’attendait vraiment pas à faire une si délicieuse rencontre! Il en oublia presque instantanément l’orage dehors et concentra tout ses sens sur la femelle à ses côtés.

« Pas du tout. Ce tunnel est assez grand pour nous deux. » miaula le guerrier.

Il tenta de renifler le parfum de la chatte, mais l’odeur de la pluie et des monstres sur le Chemin du Tonnerre étaient trop forte. Dommage, se dit Chagrin Lunaire. Il aurait bien aimé savoir à qui il avait affaire mais lui demander tout simplement lui semblait un peu hors contexte et impolie. Alors il ne demanda pas.
Soudain, le tonnerre gronda si fort que Chagrin Lunaire sursauta et se coucha instinctivement à plat ventre, ses grosses pattes plaquées sur ses grandes oreilles. L’imposant guerrier trembla comme une feuille morte ballottée par le fort vent dehors. Qu’est-ce qu’il pouvait détester les orages!

« Pas du tout. » miaula le mâle, invisible aux yeux de la femelle. « Ce tunnel est assez grand pour nous deux. »

Et il avait raison. Ruisseau de Rose ne pouvait toucher aux parois du tunnel ni à la fourrure du guerrier qui se trouvait tout de même assez près.

« Merci. » ronronna doucement la femelle, reconnaissante que le mâle la laisse s’abriter plutôt que de la chasser sous la pluie, le vent et l’orage. « C’est si rare autant de gentillesse et d’hospitalité de nos jours... Les Clans ne pensent qu’à se déchirer les uns les autres sans penser au mal et à la tristesse que leurs actions engendrent. »

Ruisseau de Rose se tut ensuite, se lançant de nouveau dans le minutieux brossage et lissage de sa fourrure. Elle pouvait y passer des heures entières mais cela ne l’importunais pas car elle n’avait visiblement nulle part d’autres où aller, excepté ce sombre tunnel puant. Au moins, elle n’y était pas seule et la présence du guerrier, bien qu’elle ignorait encore de qui il s’agissait, la réconfortait un peu.
Soudain, un éclair fendit le ciel et un grondement sourd se fît entendre. Ruisseau de Rose eut le réflexe de fermer les paupières mais un craquement la fît se dresser et elle scruta intensément l’obscurité une fois ses paupières ouvertes de nouveau.

« Tu es toujours là? » demanda-t-elle, inquiète que le mâle l’ait abandonné. « Tout va bien? »

« Tu es toujours là? » demanda la femelle, l’inquiétude palpable dans sa voix. « Tout va bien? »

Chagrin Lunaire souleva doucement une patte de sur l’une de ses oreilles et souleva délicatement une paupière. Il faisait toujours aussi sombre dans le tunnel et il n’arrivait toujours pas à distinguer une quelconque silhouette ou une odeur qui lui permettrait d’identifier la femelle.

« Oui. Je suis toujours là. » murmura le mâle en se relevant lentement. « J’ai... seulement été surpris par l’orage. » ajouta-t-il en jetant un bref coup d’œil dehors.

Le vent et la pluie n’avaient toujours pas cessé et le ciel était presque aussi sombre qu’une nuit sans étoiles.

« Mais j’y pense. » s’exclama soudainement le mâle en se retournant subitement vers la femelle; enfin l’endroit où il croyait qu’elle se tenait en raison de sa voix. « Tu as sûrement eut le temps de me voir lorsque la foudre est tombée? » demanda le mâle, regrettant intérieurement d’avoir fermé les paupières.

Il aurait pût enfin savoir à qui il avait affaire.

« Oui. Je suis toujours là. » murmura le mâle au grand soulagement de la femelle. « J’ai... seulement été surpris par l’orage. » ajouta-t-il avant de laisser un instant place au silence; ou plutôt au hurlement du vent et au tambourinement de la pluie.

Ruisseau de Rose jeta un bref coup d’œil dehors en se demandant si c’était ce que le mâle faisait. Le vent et la pluie n’avaient toujours pas cessés et le ciel était presque aussi sombre qu’une nuit sans étoiles.

« Mais j’y pense. » s’exclama soudainement le mâle, attirant de nouveau tout les sens de la femelle. « Tu as sûrement eut le temps de me voir lorsque la foudre est tombée? » lui demanda-t’il.

Ruisseau de Rose fût un peu surprise de sa question mais tout aussi déçue de réaliser que cela aurait pût être le cas; même si ce ne l’était pas.

« Pas du tout. » répondit la femelle suivit d’un petit rire nerveux. « Je dois t’avouer que j’ai été surprise par l’orage moi aussi, et j’ai fermé les yeux. Mais toi? » lui demanda-t-elle à son tour.

« Pas du tout. » répondit la femelle suivit d’un petit rire nerveux. « Je dois t’avouer que j’ai été surprise par l’orage moi aussi, et j’ai fermé les yeux. Mais toi? » lui demanda-t-elle à son tour.

Chagrin Lunaire fût soulagé qu’elle n’ait pas plus d’indices que lui sur leurs identités respectives mais il devait maintenant lui avouer aussi.

« Moi non plus. » lui répondit le mâle avant de rire aux éclats. « C’est bête, non? » constata-t-il ensuite. « On s’abrite tous les deux ici mais chacun ignore qui est l’autre. On est peut-être ennemis et on ne le sait pas. »

Cette idée le terrifia subitement. Et s’il avait raison et que cette belle amitié naissante n’aurait jamais lieu d’exister. Chagrin Lunaire s’en voulut d’avoir abordé le sujet. Il ne désirait pas la perdre. Au contraire, il désirait plus que tout apprendre davantage à la connaître et espérait qu’elle ressentait la même chose à son égard.

« Excuse-moi. Je n’aurais pas dû aborder le sujet. » s’excusa le guerrier en trépignant légèrement sur place.

« Moi non plus. »

Ruisseau de Rose craignait que le mâle ait pu la voir et pas l’inverse. Mais lorsque le mâle lui répondit, elle fût extrêmement soulagée. Elle lâcha même un profond soupir qu’elle espérait ensuite être inaudible pour le mâle.

« C’est bête, non? On s’abrite tous les deux ici mais chacun ignore qui est l’autre. Qui sait, on est peut-être ennemis et on ne le sait pas. »

Ruisseau de Rose se crispa à l’évocation d’une possible rivalité. Elle préférait croire à une amitié naissante plutôt qu’à de possibles querelles. Elle ne voulait même pas s’imaginer le rencontrer sur le champ de batailles et avoir à l’affronter. Mais tant qu’ils ignoraient l’identité de l’autres, il n’y avait aucun mal à discuter, tout simplement.

« Excuse-moi. Je n’aurais pas dû aborder le sujet. »

Ruisseau de Rose sourit légèrement amusé. Elle frôla le flanc du mâle avec le bout de sa queue.

« Ce n’est rien. Je comprends ton hésitation, mais sache que je n’ai pas l’intention de te faire du mal ou de porter préjudice à ton Clan, quel qu’il soit. »

Ruisseau de Rose miaula doucement.

« Je t’en donne ma parole. »

Chagrin Lunaire s’en voulait amèrement d’avoir semée le doute dans son propre esprit mais aussi dans celui de la femelle. Cependant, une douce caresse sur son flanc et le ronron de la femelle le fait vite oublié son erreur, et il se mettait à ronronner bruyamment lui-aussi.

« Ce n’est rien. Je comprends ton hésitation, mais sache que je n’ai pas l’intention de te faire du mal ou de porter préjudice à ton Clan, quel qu’il soit. Je t’en donne ma parole. »

Chagrin Lunaire était hautement soulagé. La femelle avait l’air sincère, il le sentait dans ses tripes. Le guerrier inclinait alors la tête vers la femelle et lui donnait un petit coup de museau amical sur ce qui lui semblait être sa joue.

« Je ne compte pas non plus te faire quoi que ce soit. »

À ces mots, le regard de Chagrin Lunaire se portait vers l’extérieur du tunnel, là où la pluie drue de l’orage et le grondement du ciel avaient subitement cessés. Le soleil disparaissait déjà derrière les Hautes Pierres et le guerrier savait que c’était le temps pour lui et la femelle de rentrer chacun chez soi.

« La nuit tombe... nous devrions rentrer.., mais... »

Il prit un instant pour réfléchir en se mordant la babine inférieure de ses crocs.

« Je n’ai pas envie de partir... »

Ruisseau de Rose fut surprise du retour de caresses de la part du mâle. Elle se crispa un bref instant au contact du museau glacé sur sa joue, puis se détendit de nouveau. Le mâle ne lui voulait visiblement pas de mal lui aussi et cela lui fit grandement plaisirs. Cependant, son plaisir fût de courte durée lorsque le mâle annonça son départ imminent. Ruisseau de Rose cessa net de ronronner et son cœur se serra dans sa poitrine comme si elle regrettait déjà de le laisser filer sans connaître son identité, mais dans son for intérieur, elle savait qu’il était plus que temps pour eux deux de rentrer chacun chez eux. Elle soupira doucement.

« Je n’ai pas plus envie que toi de partir mais mon Clan a besoin de moi et je suis certaine que ma fratrie va se lancer à ma recherche si je tarde trop. »

Ruisseau de Rose se leva et s’étira lestement avant de poursuivre:

« Mais on pourrait se revoir un autre jour, peut-être demain, et partager un repas ensembles. Que dirais-tu de se revoir aux Quatre Chênes demain soir? »

« Je n’ai pas plus envie que toi de partir mais mon Clan a besoin de moi et je suis certaine que ma fratrie va se lancer à ma recherche si je tarde trop. »

Chagrin Lunaire était surpris d’entendre ces mots en provenance de la femelle. Certes, il avait profondément espéré qu’elle ressentait la même chose que lui, mais de là à ce que son vœu se réalise, cela lui semblait extrêmement difficile à croire. Le guerrier tigré argenté se grattait une oreille de sa patte arrière, puis secouait la tête visiblement incertain d’avoir bien compris. Cependant, la suite des paroles de la femelle ne faisait que confirmer ses doutes.

« Mais on pourrait se revoir un autre jour, peut-être demain, et partager un repas ensembles. Que dirais-tu de se revoir aux Quatre Chênes, demain soir? »

Chagrin Lunaire restait un bref instant sans voix. Il ne savait pas quoi répondre à la proposition de la femelle. De plus, ils ne se connaissaient même pas. Seulement de par leurs voix. Mais le guerrier tigré argenté était fébrile. Il ressentait comme un frisson d’excitation lui parcourir l’échine, et cette sensation était assez puissante pour le pousser à accepter le rendez-vous.

« Ce sera avec grand plaisir. »

Ruisseau de Rose cessait de parler, un sentiment de culpabilité lui serrait l’estomac. Faisait-elle bien de lui proposer de se revoir et de lui lancer aussitôt une invitation? Ses sentiments envers le mâle lui semblaient vraiment mitigés; dans un sens, sa compagnie lui plaisait beaucoup, mais dans un autre elle avait l’impression de trahir son Clan. La lieutenante tricolore avait déjà eut une relation inter-clanique par le passé et cela ne s’était pas très bien terminé autant pour lui que pour elle. Son ancien compagnon était mort de ses blessures suite à une altercation de frontières et sa sœur lui en voulait depuis le début de sa relation avec le beau guerrier de l’Ombre. Certes, Ruisseau de Rose ne ressentait pas des sentiments aussi forts que ce qu’elle avait pût éprouver pour Danse de Ruisseau, mais elle ne voulait pas se rendre là avec ce mâle encore inconnu. Si ils se revoyaient, et seulement si, elle devrait tout mettre en œuvre pour ne pas s’attacher à ce chat, peu importe son physique ou sa personnalité. Elle devait s’en assurer.

« Ce sera avec grand plaisir. »

Ruisseau de Rose se mettait à ronronner, charmée par la réponse du mâle.

« Alors, à demain soir. »

Ils se frottaient une dernière fois l’un contre l’autre dans une accolade amicale, puis sortaient l’un après l’autre du tunnel avant de disparaître dans les sous-bois, chacun de leur côté.