Chouette, une chouette ! (ft. Soir d'Orage)

CHOUETTE, UNE CHOUETTE !

feat. soir d'orage

Tout avait commencé parce que sa sœur était malheureuse. Écorce de Chêne détestait la voir malheureuse.

Il la revoyait encore, soupirant de tout son soûl. S'il y avait une chose dont Écorce de Chêne pouvait se vanter, c'était d'être un bon frère. Il s'était donc immédiatement approché d'elle devant sa litière. Il avait touché son épaule de son museau, inquiet de la voire dans cet état, elle qui était habituellement pleine de vie. Elle avait soupiré de nouveau avant de lever vers lui des yeux si tristes que le cœur tout entier d'Écorce de Chêne se fendit.

- Les plumes que tu m'avais offertes, dit-elle d'un air désolé.

- Qu'est-ce qu'elles ont ? lui demanda-t-il tendrement.

Feuille de Rose avait baissé le regard, les épaules comme lourdes d'un poids invisible.

- Elles sont devenues moches...

Cela avait été dit avec tellement de désespoir qu'Écorce de Chêne voulu se jeter sur les plumes pour avoir osé faire tant de peine à sa sœur. Il dût se retenir, mais se fut difficile. Il jeta un œil à la litière de Feuille de Rose et, en effet, les belles plumes qu'il lui avait trouvé pour la décorer ne ressemblaient plus beaucoup à des plumes. À force de dormir dessus, elles étaient toutes tordues.

Écorce de Chêne savait ce qu'il lui restait à faire. Bien qu'il avait passer la matinée à faire le tour du territoire et qu'il avait plus que mériter une sieste, sa sœur passait avant tout. Et il était clair qu'il était vitale pour Feuille de Rose d'avoir un bel endroit où dormir.

Écorce de Chêne releva haut la tête et, la regardant droit dans les yeux, lui déclara :

- Je vais te trouver les plus belles plumes de tous les territoires.

Et il le pensait. Il en relevait du bien-être de sa sœur. Autant dire que s'il échouait, il aurait la tristesse sans fin de Feuille de Rose sur la conscience. Pour toujours. Bref, il avait une lourde tâche à accomplir.

Le problème étant qu'il n'était pas sûr où les trouver, ces plus belles plumes de tous les territoires. Il se balada un moment, observant les oiseaux voler haut dans le ciel, leurs plumes inaccessibles.

Il s'assit un instant, le museau levé, ne pouvant profiter de la brise et du paysage tant que sa sœur souffrait autant. C'est que, Écorce de Chêne le savait, il ne lui fallait pas de simples plumes. Feuille de Rose méritait les plus belles plumes qu'il pouvait trouver. Un simple moineau ne suffirait pas.

Les oiseaux étaient quand même de drôle d'animaux. C'est du moins ce qu'il se dit en les observant à ce moment. Il en existait de toutes les tailles et de toutes les couleurs. Cela avait vraiment été une chouette découverte quand il était tombé sur sa première plume colorée, chaton...

Écorce de Chêne se releva d'un coup. Il était un génie. Une chouette ! C'était ce qu'il lui fallait !

Il dévala la plaine sur laquelle il se tenait en direction de l'arbre aux chouettes. C'est là qu'il trouverait les plus belles plumes, il en était certain.

Il arriva devant l'arbre immense en trombe. Il fit un tour des racines, la queue haute et la démarche sautillante. Il en fit un deuxième, la queue moins haute. Puis un troisième. Au quatrième tour, sa queue trainait carrément par terre.

Pas une seule plume de hibou au sol.

Écorce de Chêne se laissa tomber au sol, abattu par cette défaite cinglante.

Il leva les yeux vers le ciel de nouveau, priant le Clan des Étoiles de l'aider dans cette quête de la plus haute importance. Et ce fut là qu'il vit le trou dans le tronc de l'arbre.

Il avait déjà entendu maintes histoires sur ce trou et sur le hibou qui se cacherait soi-disant dedans.

Écorce de Chêne se leva, les épaules carrées. Il n'avait plus d'autres choix.

Il s'approcha du tronc et appuya dessus avec ses pattes pour tester de sa solidité. Une fois satisfait, il se secoua pour se donner du courage. Puis, les griffes sorties, il planta une patte aussi haut qu'il le pouvait. Il en fit de même avec son autre patte avant. Quand faut y aller... Il utilisa toute la force qu'il possédait pour se soulever de terre et planter ses pattes arrières à leur tour dans l'écorce de l'arbre.

À moins d'une demi longueur de queue de souris du sol, Écorce de Chêne se rendit compte de pourquoi les chats vivaient au sol et non dans les arbres.

Mais la peur n'allait pas l'arrêter. Il détacha une patte du tronc et, doucement, il commença à escalader.

Après ce qu'il pensa être des heures d'effort mais qui n'était en fait que quelques secondes, il entendit une voix. Cela le surprit tellement que, sous le coup de l'émotion, il lâcha prise.

La chute fut brutale, bien que peu dangereuse car il n'avait honnêtement pas réussi à monter très haut. Il grogna de douleur au sol, et ouvrit les yeux vers le chat qui lui avait parler.