[Fini] L'arrogance ne guérit pas les blessures || Ft. Feuille d'Aster

Lorsque Nuage de Braise arriva, Feuille d'Aster était encore réveillé. Avec cette foutue maladie il avait si peu de repos, il tentait sans cesse de drôles de mélanges de plantes dans l'espoir que l'un d'eux soit le bon. Il voulait trouver une solution à ce problème, Feuille d'Aster en avait plus qu'assez de voir ses camarades mourir, dans d'atroces conditions qui plus est. Alors qu'il venait juste de s'asseoir sur sa couche, qu'il commençait tout juste à se lécher dans l'espoir de faire passer son stress, un chat sombre et petit se faufila. Il reconnut bien vite le parfum de Nuage de Braise. Que venait-il faire ici aussi tard? L'apprenti lui donna bientôt une réponse sans même qu'il ait pu poser une question.

"Feuille d'Aster ? Je suis blessé au niveau de l'épaule gauche et de l'oreille, je crois que ça s'est infecté... "

Rah pourquoi n'était-il pas venu le voir avant que cela ne s'infecte? L'agacemnet fit tressauter la queue du mâle roux. Il était à cran, beaucoup trop à cran, il devait se relaxer. Les mauvaises ondes étaient néfastes pour ses patients et pour lui même. Il prit donc une grande bouffée d'air même si celui ci était chargé de microbes. Il était d'ailleurs, en y réfléchissant, assez étonné de ne pas être tombé malade. Peut-être le Clan des Etoiles n'arrivait à protéger que quelques chats et la priorité revenait aux soigneurs qui étaient les seuls à connaitre les secrets des herbes médicinales. Qu'importait à vrai dire. Il devait s'occuper du jeune minet noir. Il regarda dans la pénombre les plaies puis les renifla : Celle à l'oreille était assez petites, celle sur son épaule était déjà bien plus grande. Ce n'était cependant pas trop profond. Le seul problème était qu'elles s'étaient toutes deux infectées comme l'avait présumé Nuage de Braise.
Le guérisseur alla vers sa réserve de plantes et prépara un cataplasme de prêle dans l'espoir qu'il désinfecterait bien les blessures. Il l'appliqua avec douceur sur l'épaule puis sur l'oreille du mâle sombre et lui donna pour finir une graine de pavot.

"Tiens, c'est pour t'aider à dormir, ça calmera la douleur... Cependant j'aimerai bien savoir comment tu t'es blessé avant que tu ne partes te coucher. Je doute qu'il ne s'agisse que d'une simple chute ou une écorchure dû à des ronces..."

L'apprenti sombre se stoppa net aux paroles du guérisseur fatigué. Il avait réellement cru qu'il pourrait s'en sortir sans explication? Feuille d'Aster trouvait ça plutôt amusant (même si il aurait beaucoup moins rigolé si il savait la réalité) qu'on cache le pourquoi du comment on s'était fait mal. C'était en vérité assez stupide de vouloir cacher les circonstances d'une blessure. Par ailleurs le jeune mâle voulait si bien cacher la vérité qu'il miaula d'une voix virulente :

"La forêt est complexe quand il fait sombre. Je me suis pris les pattes dans une racine quand je poursuivais un mulot et je suis tombé dans des orties. C'est quoi le problème ? Tu ne me crois pas ?"

Feuille d'Aster fronça les sourcils. Si Nuage de Braise était un matou arrogant, cette réaction le perturbait quand même. Elle était bien trop... Violente. Il n'ajouta cependant rien, il préféra garder ses soupçons pour lui même. Cependant aux mots qui suivirent il ne put s'empêcher de réagir :

"A quoi ça t'avances de savoir comment je me suis blessé ? Le principal c'est que tu m'ai soigné non ? Alors contente toi de faire ton travail et fiche moi la paix.

- Pardon? Ecoute moi bien Nuage de Braise si tes coups de sang marche sur les autres sache que ça ne prend pas avec moi, et ce n'est pas car je ne suis pas guerrier que je ne peux pas te donner une bonne correction, d'accord? Tu es donc prié de me parler sur un autre ton car tu dois le respect à tout le monde, du plus petit chaton de la forêt au plus vieux domestique : tout le monde mérite le respect. En ce qui concerne le pourquoi je te pose des questions c'est car je me doute qu'il y a un truc louche. Je respecte cependant que tu ne veuilles pas en parler. Mais sache que ma tanière t'es toujours ouverte si besoin, du moins tant que tu reste humble."

Sur ce il indiqua à l'apprenti que la discussion était close d'un mouvement de queue.

Ce matin là Feuille d'Aster veillait encore les victimes de l'épidémie. Qu'allaient-ils devenir? Le clan commençait vraiment à être mal en point et la recherche du remède ne donnait toujours rien. Nerveusement il triait et re-triait les piles d'herbes pour tenter d'occuper son esprit avec cette activité. Bien entendu l'effet n'était pas au rendez vous et il ne faisait que s'emmêler plus encore les pinceaux. Il était tellement concentré qu'il n'entendit même pas Nuage de Braise arriver et sursauta lorsqu'il miaula :

"Mes blessures se sont de nouveau infectées."

Agacé par la stupidité de l'apprenti et en même temps heureux d'avoir quelque chose à faire, il se retourna brusquement la queue battant l'air. Il ne dit cependant rien. Il en fallait plus pour l’énerver et personne n'oserait en arriver à là car le ras la truffe du guérisseur pouvait être d'une violence inouïe. Ca avait du arriver avec... Aile Cynique au décès de leur mère. Son frère était vraiment désagréable et le soigneur ne pouvait plus gérer ses émotions. Il balaya ses souvenirs d'une ébrouement. Il laissa l'apprenti s'installer mais ce dernier avait les yeux fixés au sol et quand il releva la tête il lâcha d'un traite :

" Je me suis fait attaqué par un solitaire, près de l'arbre mort."

Feuille d'Aster était à la fois stupéfait de cette nouvelle et amusé. Il prépara le cataplasme comme la fois passée et une fois qu'il fut prêt à être appliqué, il miaula d'un ton rieur, le sourire aux babines :

"Allons, je croyais que je n'étais pas ta mère."

Il commença à appliquer la mixture sur les blessures infectaient du minet noir. Il ne le laissa pas répondre et reprit :

"Foudre?"

Malgré ce manque de politesse certain et le sang chaud de l'apprenti, le fait de prononcer ne serait que ce nom : Foudre, l'avait extrêmement perturbé. Alors c'était bien lui le fameux solitaire?
Bingo ! Se dit intérieurement Feuille d'Aster, cependant la joie d'avoir deviné de qui il s'agissait était voilé par une inquiétude. Ce chat allait donc leur poser des problèmes? C'est ce qu'il avait craint lorsqu’à la saison des feuilles mortes il avait rencontré le solitaire mystérieux, mais il avait fini par se dire que ce n'était rien car quelques lunes étaient passées sans que rien ne se passe.

"Comment tu...?"

D'abord l'étonnement, puis la colère.

"Comment tu peux connaître Foudre ? Tu m'as espionné ? "

L'apprenti avait haussé la voix, s'était redressé. Il ne fallait pas que d'autres chats apprennent l'existence de Foudre, aussi, Feuille d'Aster tenta de le calmer du mieux qu'il put. Ou du moins le faire taire.

"Non, tu peux t'assurer que j'en aurai rigolé plus tôt si je t'avais vu te faire rabrouer ainsi. Maintenant tais toi. Ne parlons plus de cela."

Il lui en reparlerait, c'était obligé. Mais là des oreilles indiscrètes auraient pu les entendre, voir même les malades (même si il doutait qu'ils soient en état de comprendre quoi que ce soit). Il fallait qu'il préserve un minimum de paix. Peut-être après tout que Nuage de Braise l'avait cherché? Même si le guérisseur roux doutait de cette hypothèse.
Il était tout de même louche la fois où je l'ai rencontré.
Une fois le cataplasme appliqué il redonna une graine de pavot. Il ne lui expliqua pas cette fois ses bienfaits, se doutant que le jeune noiraud avait retenu ses effets. Il retourna ensuite à ses plantes.

Alors que Feuille d'Aster pensait s'être débarrassé du jeune arrogant, le voilà qui ne voulait pas bouger et qui lui miaula :

"Non. Je ne me tairai pas."

Qu'il était insupportable, le soigneur poussa un long soupire d'exaspération et leva les yeux au ciel. Il ne pourrait donc jamais avoir la paix? Il avait d'autre chose à faire pour le moment et il prendrait de toutes manières le temps de lui expliquer plus en détail toute cette histoire à un autre moment, un moment où il n'y aurait personne pour les entendre. Nuage de Braise continua, cela relevait plus de la curiosité que de la fierté à ce niveau là :

"Dis moi comment tu sais que c'est Foudre qui m'a fait ça. Je ne partirai pas tant que tu ne me l'auras pas dit."

Non, il ne pouvait pas parler ici, il voulait être tranquille en dehors du clan, où ils ne risquaient pas d'être dérangés pour pouvoir dévoiler des informations sur le mystérieux solitaire. Il se retourna vers le mâle sombre se trouvant toujours dans sa tanière et miaula sèchement :

"Pas ici. Maintenant sors."

Il était froid, ce n'était pas dans ses habitudes, cependant l'agacement lui montait à la tête et il préférait que le novice parte avant que le guérisseur ne soit vraiment énervé, il lui laissait une sortie, qu'attendait-il. Ils en reparleraient mais il n'avait pas envie de lui dire. Moins il en parlait moins il y avait de chances que cela se sache dans le camp.