Bloqué chez les têtes de tanches | ft. les victimes

Bloqué chez les têtes de tanche

Cœur de Jais ; Cœur d'Opale & Nuage de Braise

Nuage de Braise grogna. Il avait mal. La veille, il avait manqué de se noyer et c'était grâce à Cœur d'Opale si aujourd'hui il respirait, si aujourd'hui il était en vie. Ce dernier n'avait pas hésité à se jeter dans les eaux tumultueuses de la rivière pour le sauver et même s'il aurait pu y rester aussi, il l'avait fait et ça, même si le novice noir avait du mal à l'admettre, il lui était sacrément reconnaissant. En revanche, il n'avait pas eu le choix de le suivre jusqu'à son camp et il avait eu beaucoup de mal à accepter ça. Nuage de Braise détestait briser le Code du Guerrier et il considérait que se retrouver ici n'était pas normal. Il était chez l'ennemi. Il n'osait même pas imaginer la réaction de Douces Oreilles ni celle de Feuille d'Aster lorsqu'ils allaient le retrouver. Et s'il ne rentrait pas ? Et si tout ça n'avait été qu'un stratagème du guerrier de la Rivière pour le transformer en captif ? Le novice de l'Ombre secoua vivement la tête, il préférait chasser ces idées noires de sa tête. Il devait par ailleurs se concentrer sur le présent. Tapis sur une litière de fortune, cela faisait maintenant un peu plus de vingt-quatre heures que l'apprenti sombre restait couché sur cette dernière. Il n'en pouvait plus. Ces nouvelles odeurs qui lui attaquaient le museau, celles de félins qu'il ne connaissait pas, l'angoissait. Ceci dit, au moins dans la tanière du guérisseur, il était isolé des autres. Le seul reproche qu'il pouvait faire à cette dernière, c'était la luminosité. Nuage de Braise avait l'impression que tous les gîtes des guérisseurs étaient comme ça : obscures, envahis d'odeurs âcres de plantes et de malades. Il avait également constaté que le Clan de la Rivière avait été autant touché que le Clan de l'Ombre par le Mal Rouge. En effet, même s'il était un peu à l'écart des malades, il arrivait tout de même à les distinguer dans la pénombre et leurs gémissements ainsi que leur toux les trahissaient.

- Vivement que je me tire de cet endroit.

Nuage de Braise avait été gardé par précaution la nuit et il se demandait jusqu'à quand ils le garderaient ainsi prisonnier. Certes il était blessé, mais il n'était plus un chaton. Ou alors justement, eux, le prenaient pour un petit. Il grommela de mauvaise humeur. Son ventre se mit à gargouiller. Il avait faim et soif, bien qu'il avait l'occasion de boire n'importe où vu l'humidité du camp de la Rivière. Il n'aimait décidément pas ces terres et bénissait le Clan des Etoiles et ses parents pour ne pas être né dans ce Clan de bouffeurs de poissons. Il remua un peu sur sa litière, cherchant alors de son regard jaune le guérisseur : Réalité Illusoire. Il avait appris son nom en lorsqu'il l'avait soigné mais Nuage de Braise n'avait pas cherché à en apprendre sur lui. A vrai dire peu de chats l'intéressaient ici. Il n'avait pas confiance en eux, sauf en Cœur d'Opale.

Le petit matou de jais soupira. Il se leva alors en constatant que Réalité Illusoire était occupé à soigner les souffrants de son Clan. Nuage de Braise avait vraiment besoin de se dégourdir les pattes au moins, s'il n'avait pas le droit de piquer une proie sur le tas de gibier du clan adverse. De plus, il n'avait aucune envie de goûter au poisson et il savait bien malheureusement que c'était la première source de nourriture pour les félins du Clan de la Rivière. Alors, il s'éclipsa doucement et furtivement pour enfin sentir les rayons du soleil réchauffer sa fourrure noire. Il avait hâte que la Saison des Feuilles Nouvelles se déclare. Il n'en pouvait plus de la famine, du Mal Rouge, du froid et de la fatigue. L'apprenti resta donc un moment, devant la tanière du guérisseur, levant le museau en l'air, fermant les yeux pour respirer une bonne goulée d'air. L'odeur des pins lui manquait terriblement. Il rouvrit ensuite les yeux et scruta le camp de la Rivière, apercevant son sauveur avec qui il échangea un regard. Il était accompagné d'un autre mâle au pelage sombre et il crut discerner deux émeraudes ornant son visage. Nuage de Braise resta stoïque puis il plissa les yeux en le voyant obliquer vers lui avec son camarade, se refermant aussitôt lorsqu'ils arrivèrent à sa hauteur. Il grommela alors d'une voix sèche :

- Si j'avais su que je resterais autant de temps coincé ici, je t'aurais jamais demandé de m'accompagner jusqu'ici.

Il releva la tête pour le toiser d'un air arrogant, sans prêter attention au félin à ses côtés. Il ne l'intéressait pas, comme tous les autres.

- Je veux rentrer chez moi maintenant.

Même s'il en avait la volonté, Nuage de Braise savait pertinemment que son territoire se trouvait bien trop loin pour rentrer tout de suite. N'importe quel chat de n'importe quel Clan lui aurait intimé de rester encore au camp pour se reposer. Cependant, Nuage de Braise n'aimait pas obéir à d'autres félins que son Clan et il ne se dérangerait pas pour le leur montrer.

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Bloqué chez les têtes de Tanches

Feat Coeur de Jais et Nuage de Braise

Cœur d’Opale n’avait pas fermé l’œil de la nuit. Après avoir ramené, non sans mal, le jeune apprenti de l’ombre, il s’était afféré dans la tanière du guérisseur. Réalité Illusoire était débordé en ce moment et il ne refusait pas son aide, il était toujours le bienvenu. Il avait aidé Nuage de Braise à s’installer et avait laissé son guérisseur lui faire des cataplasmes pour ses plaies. Plus il y pensait, plus il se disait qu’il l’avait échappé belle. Lui aussi était tout égratigné, mais ce n’était que mineur. Le guerrier était allé faire son rapport à sa cheffe qui avait été plutôt mécontente d’apprendre qu’un ombreux se trouvait dans leur clan. Puis à la suite de la discussion, Eternelle s’était montrée beaucoup plus conciliante.

Opale avait compris : le sauvetage d’un apprenti d’un clan ennemi était un avantage considérable. Ils allaient avoir une dette envers eux, malgré tout ce qu’ils pourraient dire, il leur devait la vie d’un de leur membre. Cœur d’Opale n’en retirerait pas grand-chose, les autres le connaissait déjà comme quelqu’un prêt à sauver la peau des autres avant la sienne. Ainsi, a l’aube, il était parti chasser avec Cœur de Jais pour se dégourdir.

Ils étaient revenus en milieu de journée avec quelques petites proies. Ils n’avaient pas recommencé à pêcher du poisson, la rivière n’étant pas tout à fait dégelée. Ils n’avaient que des maigres oiseaux et quelques rongeurs, mais c’était déjà beaucoup pour les reines et les anciens. Un léger parfum de belle saison flottait dans l’air. La neige avait presque fondue et une brise plutôt douce soufflait entre les branchages. Il faisait froid, mais le soleil brillait haut dans le ciel. Cœur d’Opale discutait avec Jais du sauvetage du petit ombreux. Il racontait comment il lui avait crié dessus et a quel point les sombres félins étaient des vraies teignes.

-Il nous a appelé mangeurs de poisson ! tu avais déjà entendu ça quelque part toi ? J’ai trouvé ça plutôt marrant…. Tiens quand on parle du loup.

Il parlait avec humeur, rien de méchant. Il trouvait ça seulement amusant. Il avait senti un regard posé sur son échine, se tournant pour observer Nuage de Braise qui le dévisageait. Il esquissa un petit signe de tête pour le saluer. Cœur de Jais s’était tourné lui aussi. Il se leva pour aller voir comment l’apprenti allait, son ami à sa suite.

- Si j'avais su que je resterais autant de temps coincé ici, je t'aurais jamais demandé de m'accompagner jusqu'ici. Je veux rentrer chez moi maintenant.

Tiens donc. A peine approchés, et déjà il les regardait comme s’ils étaient ses serviteurs. Oubliait-il qu’il était dans un clan ennemi ? Il n’avait pas d’ordre à donner. Il aurait pu se faire petit et humble, mais apparemment il préférait la jouer petit prince. Arrogance, mépris, des tonnes d’émotions négatives se mélangeaient dans ses yeux ambrés. Opale agita les moustaches d’un air un peu interrogatif. Il regarda Jais, l’air de dire « Tu vois. » Aucune politesse ni gratitude. Enfin, le guerrier tacheté n’en prenait pas compte. Il poussa un petit soupir en hochant doucement la tête.

-Bonjour. Commença t’il avec un petit signe de tête. Je comprends bien que tu ais envie de rentrer. J’en parlerais à réalité Illusoire dès qu’il sera moins occupé. Ne t’en fais pas, tu ne resteras pas longtemps ici, ce n’est pas comme si nous tenions à te garder. Comment te sens-tu avant toute chose ? Tu as faim ?

Il avait gratifié sa fin de phrase avec un sourire calme, le dévisageant de ses yeux troubles. Il se tourna vers son ami, esquissant un petit geste de la patte

-Ha, je vous présente. Voici Cœur de Jais, un ami.

Il ne précisa pas que le nom de Nuage de braise, tout le monde dans le camp le connaissait à présent. Bien que l’apprenti n’en montrât rien, il comprenait qu’il devait se sentir angoissé à l’idée d’être chez « l’ennemi » bien qu’il ne se montre pas agressif. De nombreux guerriers et chatons jetaient des coups d’yeux curieux en direction de l’apprenti. Un intru, ça n’arrivait pas tous les jours. Mais vu son comportement pas très accueillant, personne ne semblait vouloir venir l’aborder. Par ailleurs, il sentait bien que pour d’autres, il n’était pas le bienvenu ici. Source d’ennui ou de curiosité, être au centre des attentions restait étrange, surtout pour un apprenti.

Cœur de Jais s'était bien inquiété hier. Quelle surprise lorsqu'il avait vu surgir son meilleur ami, trempé, un apprenti au bout de sa vie l'accompagnant. Il avait voulu lui poser un tas de questions mais voyant qu'il était déjà bien fatigué, il n'avait même pas essayé de le suivre. C'est le lendemain que le guerrier noir s'était précipité vers lui pour enfin en savoir plus. Et si ça s'était mal fini ? Il aurait perdu quelqu'un d'extrêmement proche... Le plus important c'est qu'il se tenait debout face à lui. Mais le côté inquiet de Cœur de Jais s'était vite envolé lors de leur partie de chasse, sortir l'avait apaisé. A leur retour, leur échange s'était même transformé en une conversation assez amusante. En effet, les rumeurs sur le Clan de l'Ombre, les éternels "méchants" des histoires de pouponnières avaient l'air plutôt vraies. Ou du moins... Ils passaient pour de très gros râleurs et l'apprenti que Cœur d'Opale avait sauvé illustrait parfaitement l'idée qu'il se faisait des ombreux.

- "Il nous a appelé mangeurs de poisson ! tu avais déjà entendu ça quelque part toi ? J’ai trouvé ça plutôt marrant…. Tiens quand on parle du loup."

Il avait laissé échappé un petit rire. "Mangeurs de poisson"... Sérieusement ! Dans ce cas là autant appeler le Clan de l'Ombre les mangeurs de lézards. Chacun son tour d'abord !
Il avait aperçut aussi le petit félin de la même couleur que lui, non loin de la tanière du guérisseur. Son ami s'étant levé et dirigé vers l'ombreux, il fit de même. Après tout, il était peut être bien plus sympa que ce qu'il pensait.

- "Si j'avais su que je resterais autant de temps coincé ici, je t'aurais jamais demandé de m'accompagner jusqu'ici. Je veux rentrer chez moi maintenant."

Mouais. Et bah Cœur de Jais aura vite rangé sa bonne conscience envers les faces de lézards, un nouveau surnom tout trouvé pour ce petit malpoli et son clan de râleurs. Il pouvait comprendre qu'en terre ennemie on soit tendu mais c'était difficile pour lui de concevoir que le sauveur du petit brun était aussi bien traité que les autres. Nuage de Braise avait échappé à la mort grâce à lui ! Il pouvait au moins bien parler au guerrier gris. Les deux riveux s'étaient regardés avec tellement de compréhension que c'était à se demander s'ils ne parlaient pas par télépathie. Il exagérait pas Opale. Aussi aimable qu'un blaireau cet apprenti.

- "Bonjour." Il se demanda s'il y avait du sarcasme là dedans. "Je comprends bien que tu ais envie de rentrer. J’en parlerais à réalité Illusoire dès qu’il sera moins occupé. Ne t’en fais pas, tu ne resteras pas longtemps ici, ce n’est pas comme si nous tenions à te garder. Comment te sens-tu avant toute chose ? Tu as faim ?"

Coeur de Jais aurait beau dire que son camarade était trop gentil, il savait qu'au fond il aurait fait pareil et encore, Cœur d'Opale se faisait sans doute bien mieux respecter que lui.

"Ha, je vous présente. Voici Cœur de Jais, un ami."

Allait-il retenir son nom au moins ? Il n'y croyait pas trop, Nuage de Braise semblait être plus du genre "je suis trop important pour me soucier des autres clans". Vu que lui était courtois, il le salua d'un signe de tête.

- "Bonjour Nuage de Braise. Oui, Cœur d'Opale et moi revenons de la chasse, je peux t'apporter une proie si tu veux. Attend."

Décidément, Cœur d'Opale et lui avaient le sens de l'accueil. Il fit demi-tour et se dirigea vers le tas de gibier. Bien évidemment, il évita tout ce qui venait de la rivière parce que vu comment ils se faisaient surnommer les mangeurs de poissons, c'est qu'il ne devait pas trop aimer ça. Il choisit une souris, tout ce qu'il y a de plus basique. Au moins il n'avait pas trop de raison d'être difficile. Cœur de Jais s'avança et déposa le rongeur.

"Tiens."

En espérant qu'il ne l'envoie pas balader.

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Cœur de Jais ; Cœur d'Opale & Nuage de Braise

Nuage de Braise ne bougeait pas. Il toisait d'un air hautain les deux guerriers venus à sa rencontre et il avait tellement gonflé son poitrail que ça en devenait ridicule. Il continuait d'ignorer le mâle noir aux côtés du matou gris tacheté et finalement, ce fut Cœur d'Opale qui miaula en premier après avoir émis un petit soupir suivi d'un signe de la tête.

- Bonjour. Commença t’il avec un petit signe de tête. Je comprends bien que tu ais envie de rentrer. J’en parlerais à réalité Illusoire dès qu’il sera moins occupé. Ne t’en fais pas, tu ne resteras pas longtemps ici, ce n’est pas comme si nous tenions à te garder. Comment te sens-tu avant toute chose ? Tu as faim ?

Le guerrier du Clan de la Rivière avait beau s'être montré chaleureux, toujours accompagné de son éternel sourire, Nuage de Braise n'était pas crédule et avait du mal à donner sa confiance aux autres, d'autant plus lorsqu'il s'avéraient être des guerriers ennemis.
Bien sûr, il se sentait fatigué et la faim lui tordait l'estomac, mais il resta silencieux, méprisant. Ensuite, le guerrier gris tacheté aux yeux étrangement pâles, reprit soudainement :

- Ha, je vous présente. Voici Cœur de Jais, un ami.

Le dénommé Cœur de Jais que l'apprenti ébène n'avait pas remarqué jusque là pencha la tête en signe de salutations, mais Nuage de Braise ne le lui rendit pas.

- Bonjour Nuage de Braise. Oui, Cœur d'Opale et moi revenons de la chasse, je peux t'apporter une proie si tu veux. Attend.

Effectivement, pendant que le guerrier fraîchement rencontré miaulait d'un ton bien plus que chaleureux, le novice de l'Ombre avait senti son ventre gargouiller de plus belle. Il se sentait honteux et sa mine se décomposa alors qu'il rabattait les oreilles.

- Je n'ai pas besoin de me faire entretenir par vous.

Mais trop tard, Cœur de Jais s'était déjà précipité vers la pile de gibier du camp. Il le suivit du regard, exaspéré, balayant l'air de sa queue, remuant légèrement les oreilles d'impatience. Il n'avait pas tellement envie de discuter avec ces chats ennemis, en réalité. Du moins ils le mettaient mal à l'aise puisqu'il arrivait à sentir le regard curieux et jugeur des autres félins de la Rivière brûler sa fourrure de jais alors que les deux guerriers avaient juste cherché à savoir si tout allait bien du côté de l'apprenti.

- Tiens.

Nuage de Braise fut ramené à la réalité en entendant la voix de Cœur de Jais résonner dans ses tympans. Il grommela un peu puis baissa le regard au sol. Son aîné avait déposé une souris à ses pattes, sous le regard bienveillant - supposait le novice - de Cœur d'Opale.
Au début, le petit chat noir hésita à toucher le gibier. Est-ce que le fait de manger cette souris serait utilisé un jour contre son Clan dans une situation critique ? Est-ce qu'il serait accusé de voleur de gibier lorsque les tensions se déclareraient entre la Rivière et l'Ombre ? Peut-être mais d'un autre côté, il était affamé. Alors, il n'attendit pas beaucoup plus puis il croqua à pleines dents la chair fraîche du rongeur. Le goût était somptueux et il se léchait les babines de manière gourmande à chaque fin de bouchée.

Une fois la souris englouties, Nuage de Braise se redressa un peu pour se faire une mini-toilette, ayant presque oublié la présence des deux guerriers. Quand il les remarqua de nouveau, il passa son regard de l'un à l'autre puis il fixa longuement Cœur de Jais avant de détourner définitivement le regard.

- Merci pour la souris.

Nuage de Braise avait légèrement baissé sa garde et il commençait à se sentir de nouveau mal à l'aise. Alors, il se dandina un peu avant de finalement s'asseoir de nouveau, enroulant sa queue entre ses pattes. Puis, il miaula :

- Pourquoi vous êtes aussi gentils avec moi ? Cœur d'Opale qui se jette à l'eau pour me sauver de la noyade puis... toi, qui m'apporte à manger bien sagement.

L'apprenti au pelage ébène posait cette question très sérieusement. Il avait du mal à cerner les deux jeunes chats.

- J'veux dire... j'suis conscient d'être désagréable hein.

Il baissa de nouveau le regard au sol, jouant nerveusement avec la terre meuble du territoire et en y traçant des cercles à l'aide de ses griffes. Il se sentait sérieusement inférieur à eux actuellement. Puis, il reprit en ricanant d'un ton sarcastique, se rendant compte qu'il était peut-être un peu trop transparent avec des guerriers qu'il ne connaissait pas plus que ça au final.

- Puis vos potes là... ils ont jamais vu de chat du Clan de l'Ombre ou quoi ? Dites leur d'arrêter de me mater, ça devient gênant.

Une chose était sûre, il avait hâte de rentrer, et pas qu'un peu.

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Bloqué chez les têtes de Tanches

Feat Coeur de Jais et Nuage de Braise

-Bonjour Nuage de Braise. Oui, Cœur d'Opale et moi revenons de la chasse, je peux t'apporter une proie si tu veux. Attend.

Cœur d’Opale était resté assis, un peu fatigué par la partie de chasse, il avait mal partout. Et puis, il était resté réveillé toute la nuit. Il remercia gracieusement son ami du regard qui était allé chercher du gibier pour le jeune apprenti. Le guerrier s’étira en secouant doucement la tête, agitant les moustaches avec amusement en entendant les protestations de Nuage de Braise. Il comprenait sa méfiance et son hostilité, même si finalement les clichés sur les ombreux ne s’avéraient pas si faux. S’il s’était retrouvé en camp ennemi et sous bonne garde, il n’aurait osé imaginer son angoisse. Mais ce sont des choses qui arrivent, alors il en aurait surement profité pour essayer de découvrir un peu les autres clans. Il s’était toujours demandé s’ils fonctionnaient différemment…

Pensivement, il observa Cœur de Jais revenir avec le gibier, le déposant aux pattes du petit. Il n’avait écouté que d’une oreille, reportant son attention sur un petit groupe d’anciens qui discutaient en dehors de leurs tanières. Son regard un peu trouble et lunaire se perdait dans le vague, une chose qu’il ne faisait pas forcément exprès. Voyant flou, il accordait de moins en moins d’importance à ce qu’il voyait. Le chat brun semblait passablement agacé, prêt à grogner à la moindre remarque.

Il se demandait un peu à quoi pensait sa cheffe, en voulait le garder un peu plus longtemps. C’est vrai qu’il aurait pu le ramener dès maintenant mais… Etoile Eternelle pensait certainement en retirer une utilité. Une dette de l’ombre envers la rivière. Hm. Pour ça qu’il ne serait jamais chef. Il fallait vraiment penser à tout et aimer manipuler. Un chef n’était jamais réellement bon ou mauvais. S’il était trop bon, on le qualifiait de faible, et mauvais on le traitait de psychopathe. Il fallait des entres deux.

- Merci pour la souris.

Il secoua la tête, rha, il devait se reconcentrer sur le moment présent. Il ne cherchait pas vraiment ni à connaitre, ni à embêter l’apprenti, mais sous ses airs agressifs et désagréables, il se disait qu’il y avait un apprenti apeuré et gêné. Alors autant rester sympathique. Il semblait tellement mal à l’aise, à se dandiner comme un canard. Cette image fit sourire le guerrier tacheté.

- Pourquoi vous êtes aussi gentils avec moi ? Cœur d'Opale qui se jette à l'eau pour me sauver de la noyade puis... toi, qui m'apporte à manger bien sagement. J'veux dire... j'suis conscient d'être désagréable hein.

Sa voix avait progressivement baissé d’intonation alors qu’il baissait les yeux au sol. Cœur d’Opale émit un léger ronronnement, par reflexe d’apaisement. La réponse à cela était très simple. Il était un apprenti, un chat, comme eux. Il n’avait aucune raison de ne pas le traiter en temps que tel. Même s’il était d’un camp ennemi, ils étaient de la même espèce, alors pourquoi ne pas s’entraider ?
Ho oui, il savait que ce genre d’opinion était très peu apprécié de certains claniques. Trop positif. Pourquoi aider son prochain si on a la possibilité de ne pas le faire. Il n’appréciait pas ce mode de pensée un peu trop défaitiste et égoïste. Mais sa charité lui jouait bien souvent des tours… Et lui laissait un gout amer. L’image de Foudre s’imprima dans sa rétine et il ferma les yeux quelques instants pour la faire disparaitre. Bah, ils n’étaient pas en guerre… Ils n’avaient pas de raison à ne pas être agréables, quelquefois.

- Puis vos potes là... ils ont jamais vu de chat du Clan de l'Ombre ou quoi ? Dites-leur d'arrêter de me mater, ça devient gênant.

Cœur d’opale inclina un peu la tête, observant autour de lui. C’est vrai, quelques chats épars jetaient des coups d’œil parfois indiscret à l’apprenti. Mais il s’agissait surtout d’autres apprentis et d’anciens. La plupart des guerriers étaient de sortie. Il haussa les épaules, se rapprochant un peu de Nuage de Braise, lui donnant un petit coup de museau sur l’épaule en rigolant.

-Allons, tu ne peux pas leur reprocher d’être curieux. Ce n’est pas souvent qu’on a de la visite. Tu restes étranger au groupe après tout.

Il avait parlé d’un ton amusé et sincère. Ho non il ne se moquait pas, il essayait de le rassurer. Mais après tout, des têtes de mules comme ça, c’était difficile à convaincre. Bah, il pensait bien ce qu’il voulait, tant qu’il n’agressait personne. Son insolence de petit roi lui couterait certainement un jour, mais il était jeune alors il ne fallait pas le prendre à cœur. Il jeta un petit coup d’œil à cœur de Jais. Il devait penser pareil, il ne semblait pas plus offensé que lui.

-Ho et bien… Nous ne sommes pas en guerre. Donne-moi une bonne raison de ne pas t’aider. Dans les temps comme ça, entre la maladie et la mort de nos camarades, je pense qu’il faut s’entraider. Je ne vois pas où est le mal. Être désagréable ou pas ne change rien au fait que tu restes un clanique. Enfin, tout le monde ne pense pas pareil dans le clan.

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